Ciné Clep : La Bataille de Solférino

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La bataille de Solférino

Mercredi 15 mars 2017 à 20h15

au Théâtre à Moustaches

1bis Place Saint-Jacques – Compiègne

 

Comédie dramatique

Réalisé par Justine Triet (2013)

Avec Laetitia Dosch (Laetitia), Maxime Schneider, Aurélien Bellanger .

Synopsis

Lætitia, journaliste de télévision, doit couvrir la journée présidentielle du 6 mai 2012 dans la rue de Solférino, siège du Parti socialiste, où sont rassemblés en masse les militants. Pour garder ses deux filles, elle recourt aux services d’une baby-sitter. C’est alors qu’elle reçoit un coup de téléphone de son ancien compagnon, Vincent, qui exige d’exercer son droit de visite sans délai. Mais Vincent est un violent, et Lætitia ne veut pas qu’il approche les enfants. La jeune femme jongle ainsi entre son travail et ses problèmes familiaux, tentant d’assurer les directs tout en protégeant ses filles. Les événements finissent par s’emmêler…

Critique

Par Jacques Morice (Télérama)

Des cris d’enfants, persistants. Dans ce brouhaha infernal, une femme s’agite. Lætitia tente de calmer ses filles, répond au téléphone à son ex-compagnon — Vincent, un allumé, tout juste sorti de l’hôpital psychiatrique, qui veut absolument voir les enfants. Elle donne des consignes au baby-sitter, vide sa garde-robe avant de trouver une tenue convenable. Retard, gros stress : elle est journaliste télé et s’apprête à couvrir rue de Solférino le deuxième tour de l’élection présidentielle, en ce 6 mai 2012.

Tension, excitation, hystérie, exultation : c’est un cinéma exacerbé et risqué, blackboulant tout formatage, que nous livre la réalisatrice Justine Triet, nouvelle venue issue des Beaux-Arts. Nous voilà plongés dans une sorte de chaudron humain où bouillonnent et s’agrègent fiction et réalité documentaire. On retrouve vite Lætitia, micro en main, au milieu de la foule massée devant le siège du parti socialiste. Elle livre ses infos en direct, tout en continuant à gérer tant bien que mal ses problèmes avec son ex.

Dans cette bataille effrénée, tout autant collective que conjugale, politique qu’individuelle, difficile de séparer nettement ce qui est « sensé » de ce qui est « anormal » — « c’est fou » est d’ailleurs une expression répétée plusieurs fois. Le père a l’air un peu dingue, mais il surprend aussi par son pragmatisme, sa capacité à défendre ses droits de père. Tandis que Laetitia, incapable d’anticiper, fait parfois le contraire de ce qu’elle préconise. La politique là-dedans ? Guère plus rassurante, tant elle est réduite à des question d’image, de spectacle, de rituels absurdes.

C’est à la fois vivant et mordant. Plein de discorde, de hargne et d’amour bizarrement exprimé. Le film offre un reflet assez juste de notre époque agressive et anxiogène, où chacun est en permanence au bord du pétage de plombs. Avec, heureusement — c’est sa part optimiste sans être béate —, des moments de cessez-le-feu joyeux, à défaut de paix sûre.