Ciné CLEP : LOIN DES HOMMES

Mercredi 18 octobre à 20h15

au Théâtre à Moustaches

1 bis place Saint-Jacques à Compiègne

loin_des_hommes_xlg1-e1421861915791-810x766

Drame Réalisé par David Oelhoffen (2014)

Avec David Oelhoffen, Viggo Mortensen, Reda Kateb

Synopsis

En 1954, un instituteur taciturne qui vit seul dans une école perdue dans l’immensité aride de l’Atlas reçoit la visite d’un gendarme, venu lui livrer un prisonnier, un paysan arabe qui a tué son cousin d’un coup de serpe. Daru n’a pas le choix. Il doit conduire Mohammed dans la ville voisine de Tinghit, à une journée de marche. Alors qu’il s’apprête à le libérer après l’avoir soigné, il est attaqué tour à tour par des colons à la recherche d’un maquis d’indépendantistes et par les cousins de Mohammed, venus se venger. Les deux hommes prennent le chemin de Tinghit, dont ils doivent bientôt s’écarter. D’hostiles leurs relations deviennent peu à peu fraternelles…

Critique

Par Pierre Murat Télérama

Genre : la guerre sans nom. Algérie, 1954. Des troubles que l’on devine encore diffus, loin dans les grandes villes, basculent dans une guerre qui ne dit pas son nom. Mais dès les premières secondes, tout, chez David Oelhoffen, rappelle les westerns de jadis : les grands espaces de l’Atlas évoquent les lieux déserts du vieil Ouest. Et l’instituteur humaniste, chargé, contre son gré, de livrer aux gendarmes un Arabe assassin, prend des airs de cow-boy héroïque, style John Wayne ou Kirk Douglas. En adaptant librement la nouvelle d’Albert Camus, le cinéaste filme l’histoire de deux hommes qu’il amène, avec une rare délicatesse, à un choix inévitable. Aux portes de leur liberté. Cette liberté est, curieusement, liée à la perte de l’innocence. Pour survivre, l’Arabe se résout à trahir les siens. Tandis qu’il s’acharne à le protéger, le Français est forcé de tuer un homme. Et tout son passé lui saute alors au visage : la sauvagerie qu’il avait tant cherché à oublier, loin des hommes et de leur violence. Au fil du périple, on sent le héros prendre conscience d’une faute, individuelle et collective. Il n’a pas vu venir les « événements ». La France non plus. Désormais, il est trop tard : sa mission humaniste (faire lire des gamins illettrés) ne suffit pas à excuser des années d’injustice et d’inconscience. Sans même s’en rendre compte, les idéalistes généreux, les héritiers du siècle des Lumières, se sont mués en oppresseurs. En tyrans à dégager. La désillusion enveloppe cette fresque lyrique d’une sourde et entêtante mélancolie.